ENTRETIEN AVEC LE REALISATEUR
J’ai connu Alain Guyard par hasard lors d’une émission sur France Inter qui lui était consacrée, au cours de l’été 2011 : je fus tout de suite séduit par ce personnage, hâbleur et impertinent, mais aussi passionné et persuasif, qui rompait avec les discours bien policés des habituels philosophes patentés. Il abhorre tout ce prêchi-prêcha philosophique bien pensant autour du « développement personnel », à la recherche béate du bonheur… Il dénonce aussi cette espèce « d’entre soi » et de mode philosophique réservée aux classes détenant déjà, soi-disant, un capital culturel (cafés philo, etc.).Comme simple citoyen, je suis convaincu que la pratique philosophique est fondamentale en permettant à chacun de penser par soi-même, d’aborder la complexité du monde d’aujourd’hui avec les outils de la pensée, de la raison, de développer sa propre réflexion, de comprendre le sens de son rapport au monde et à autrui pour tenter d’agir en connaissance de cause et assumer son humaine condition.Quelles nouvelles « valeurs » inventer et comment la philosophie peut nous y aider ? Comment se forger des nouvelles « armes » intellectuelles pour analyser sans complaisance notre rapport au politique et élaborer des postures de résistance et de combat ?Mes longs repérages et ma fréquentation avec Alain Guyard m’ont conforté dans le désir de ce film : l’énergie qui se dégageait du personnage mais aussi la façon dont ses interventions résonnaient en moi, les échanges avec son public m’indiquaient des pistes fécondes, où il s’agirait, plus largement que de simplement faire un film sur Alain Guyard, de montrer comment la pensée pouvait se déployer tout au long d’un film et devenir sa matière même.
« C’est peut-être aussi pour ça que la rencontre avec Alain Guyard m’a à ce point « ébranlé » : elle me parlait aussi de mon rapport à la création et à mes films !! »
« Comme cinéaste, si Alain Guyard m’intéresse, c’est parce que justement il se revendique avant tout comme « philosophe forain » au plus près du peuple : cette philosophie foraine, buissonnière, itinérante, proche des citoyens, devient peu à peu un voyage, une aventure philosophique, mais aussi initiatique et cinématographique, où j’ai souhaité rendre compte d’une pensée en mouvement, filmer cette parole, être au plus près de cette énergie et de la façon dont elle se diffuse dans l’espace social ».
SOUVENIRS DE TOURNAGE
Le tournage en Belgique et l’immersion en prison, le contact avec les détenus mais aussi la discussion qui s’en est suivie avec Alain m’ont profondément touché.
Avec les détenus, je découvrais des hommes et des femmes sensibles, intelligents, ayant envie de s’exprimer, de partager avec simplicité, ouverts à la philosophie, touchants et profondément humains.
Avec Alain Guyard, il me semblait que son « métier » prenait alors tout son sens, et je comprenais vraiment sa posture, sa façon de se situer, sa rigueur, et la philosophie qu’il défendait et qu’il incarnait, loin de cultiver « l’entre-soi », mais au plus près d’une vérité, d’une parole brute, auprès de personnes qui incarnaient un rapport à l’existence, sans fard, douloureux mais aussi authentique.
J’ai compris en quoi cette philosophie prônée par Alain Guyard était avant tout une façon de se confronter à l’existence, une ascèse, un âpre chemin où il s’agissait de s’engager physiquement, une posture éthique et politique.
Le tournage auprès des personnes qui se formaient pour devenir accompagnants en soins palliatifs m’a aussi beaucoup ému. Car le thème de l’intervention d’Alain Guyard tournait quand même autour de la mort ! Et tous les discours philosophiques que j’avais pu lire autour de ce thème restaient très convenus et plutôt mortifères.
Et au lieu de ça, j’ai senti passer au cœur de la petite assemblée un sentiment qui s’apparentait plus à de la joie ! La joie peut-être d’entendre quelqu’un qui parlait d’athéisme, d’agnosticisme, sans pour autant dénigrer les religions, mais qui surtout, s’appuyant sur la pensée de Jankélévitch (que je découvris ce soir là) arrivait à redonner à la Vie, dans sa précarité et sa fragilité, et sans être surplombée par aucune divinité, son coté miraculeux et extraordinaire, qu’il s’agissait de savourer jusqu’à son dernier souffle !
YOHAN LAFFORT
Yohan Laffort
Depuis une dizaine d’années, il se consacre quasi exclusivement à la réalisation de films documentaires en coproduction avec la télévision (France Télévisions), et ou à des longs-métrages documentaires diffusés autrement (DVD, festivals, médiathèques, etc.).
Toujours au plus près de ses personnages, ses films questionnent les notions d’identité, de culture, de transmission, d’altérité, interrogent les formes politiques et poétiques de résistance qui s’incarnent dans des personnages et des façons de vivre toujours singulières, humaines, respectueuses de l’autre, mais toujours en prise avec la vie…
Actuellement il travaille sur un nouveau long-métrage documentaire et vient de terminer « Reprendre place sur terre », un documentaire (55’) diffusé sur Vosges télévision.
FILMOGRAPHIE RECENTE : Catalogue des derniers films de Yohan Laffort.
- 2012/ 2014 Au chevet du vieux monde : Long métrage documentaire, 1h15’. Existe aussi en version 54’. Le Lo-Kal / CRRAV Nord Pas-de-Calais / France Télévisions.
– France 3 Auvergne, France 3 Rhône-Alpes, Alpes : Meilleure audience de l’année (documentaire)- Rencontres cinématographiques sur le monde rural, mars 2013, Saint Martin en Haut (Rhône) : Prix du Jury - 2010 Derniers jours : Documentaire, 54’. Productions Cercle Bleu / CRRAV Nord Pas-de-Calais / France Télévisions.
– Festival de l’Acharnière, Lille 2010 : Prix de l’Acharnière (œuvre privilégiant la qualité de la relation filmant-filmés) - 2009 Soleils Solitudes : Documentaire, 53’. Les Films de la Castagne / CRRAV Nord Pas-de-Calais / France 3 National. Diffusion : France 3 National, France Ô.
– Prix REC (Réactions en Chaînes) du Mois du Doc, décerné pour les 10 ans du Mois du Film documentaire, en association avec l’Union des Télévisions Locales de Service Public et Images en Bibliothèques.
– Labellisation du film par la commission nationale « d’Images en Bibliothèques ».
- 2006/ 2007 Terre commune : Long-métrage documentaire. Durée : 1h 27’. Existe aussi en version 54’. Les Films de la Castagne / France 3 Sud. Diffusion : France 3 Sud / France 3 National.
- 2003 Terre d’exil : 59’. Distribution : ISKRA. Diffusion : France 3 Nord Pas-de-Calais, Documentaire sur grand écran.
– Festival de l’Acharnière, Lille, 2003 : Prix de l’Acharnière, Prix « René Vautier » (Prix de la représentation du monde du travail).
– Festival « Vues d’Afrique », Montréal, 2004 : Prix du meilleur documentaire « Regard du monde sur l’Afrique et les pays Créoles ».
FINANCEMENT PARTICIPATIF
UN FINANCEMENT PARTICIPATIF POUR CE LONG-METRAGE
Nous avons suivi Alain Guyard de longs mois et réalisé une première version télévisuelle de 52 mn (diffusée sur France 3 Pôle Sud-Ouest en novembre 2014).
Mais nous souhaitions repartir en montage plusieurs semaines pour réaliser un long-métrage « cinéma » (autour d’une durée d’1h30) et tenter ainsi de nous approcher d’un espace-temps et d’une écriture plus cinématographique. C’était aussi une façon d’imaginer un film plus ample et de l’enrichir de nombreuses séquences où Alain Guyard était en prise avec d’autre(s) public(s), mais aussi de personnages « secondaires » qui n’ont pas trouvé de place dans la version télévisuelle, enfin d’intégrer des moments d’échanges plus intimes avec Alain Guyard. Nous pensions qu’un long métrage documentaire serait largement plus à même de restituer la pensée et la trajectoire d’Alain Guyard, une pensée qui a aussi besoin de temps et d’espace pour se déployer !
Toutes les portes de financement institutionnel se sont pourtant refermées… Il ne restait plus que d’imaginer un financement participatif pour réaliser ce long-métrage !
Ce film n’existerait donc pas sans ce financement spécifique, mais il y puise aussi sa légitimité et sa liberté !
– Parce que le public peut aussi influer sur les films qu’il a envie de voir !!
– Pour réconcilier enfin l’âme et le corps, la pensée et l’intuition, la philosophie et le cinéma.
– Parce que défendre l’originalité d’une pensée, sa singularité, c’est s’opposer à la pensée unique et au « mainstream ».
– Parce que créer, c’est faire un pas de coté, c’est être dérangeant, c’est sortir du rang.
– Pour retrouver l’émerveillement grâce à quoi, selon Aristote, les hommes ont commencé à philosopher.
– Parce que, pour paraphraser François Roustang, la pensée s’accomplit quand elle se tait dans le silence de l’action.
– Parce que ça vaut la peine de prendre un beau risque, ce qui, pour Platon, n’est rien d’autre que philosopher.
– Pour défendre et promouvoir ce bien inestimable : la pensée en liberté !
Cette campagne de financement, menée début 2015 sur trois mois, a été un franc succès, a réuni plus de 200 coproducteurs du film, et nous a permis – avec un budget malgré tout très serré – d’arriver à boucler ce long-métrage !
Que tous les coproducteurs du film soient ici chaleureusement remerciés !
http://www.touscoprod.com/fr/laphiloabraslecorpsversioncinema
Un TRES GRAND MERCI aux 228 souscripteurs :
Benoit Tanguy – Mélanie MARCHAND – Yoann DHENIN – Moira CHAPPEDELAINE – Jean-Pierre et Danièle LAFFORT – Aline CAPELLE – Nathalie MANDARON – Patricia DHONT – Claude HIRSCH – Laurent WEYMEELS – Christine BALENCI – Cristelle MORA – David LAFORT – Mike et Kate LAFFORT – Nicolas GRARD – Chantal PROTAT – Bruno LAFFORT – Karima HADID – Nadine ZAVANI – Malika BOUDIDA – Christian BARTOLI – Claude DURAND – Danièle VERPLANCKEN – Violaine DIGONNET – Dominique LAFFORT – Mélina GACOIN – Pascal LEFEBVRE – Valérie ACQUART – Lucile MOURA – Bénédicte PAILLEUX – Sébastien RIVIER – Catherine SERRE – Patricia HANSSENS – Pierre CAMPISTRON – Caroline BEHAGUE – Cyril LAFFORT – Farrah MOHAMMED – Jean-Charles LEYRIS – Arlette RIVES – Olivier SARRAZIN – Sophie KACZMARKIEWICZ – Christine CHAMPALE – Georges COURREGES – Véronique DEMEURS – Marie-Françoise SCRIVE – Roseline CHAVAGNEUX – Stéphane DHENIN – Justine FORESTIER – Thierry MAYBON – Hugo DELUBAC – Véronique DOS SANTOS – Bertrand BORDAS – Fanny BERTRAND – Gwénaël BEUCHET – David ESTEVE – Jeanne ASLAN – Loïc CONNANSKI – François et Brigitte HOAREAU – Sophie KNOCKAERT – Annabelle VALIN – Jean-Luc DELIERRE – Anne LEFEBVRE – Brigitte LUCHE – Emilie BLANCHARD – Anne GAY – Anne-Marie MOTTAZ – Murielle GHIGONETTO – Nadège MORA – Céline ALLAFORT – Fabien GAUTHIER – Maité GUY – Yasmina JAICI – Mireille LAFFORT – Roberto BOTTINELLI – Michel CAILLAU – Emmanuelle TABET – Benjamin LETELLIER – Christian DELOEUIL – Christine LAFFORT – Nathalie CARTON – Najib OUARZAZI et Véronique MANGEOT – Valérie STAES – Claire JEANDROZ – F. VIGNOLA – Pascale LEROY – Alexis MICHOUD – Claude TARDAT – Stéphanie DICK – Anita SCOMA – Joëlle JACOB – Carole ATLAN – Adélaïde MOREAU – Anne BASAS – Carole MARTIN – Magali JAUSSOIN – Christine BRUSQUE – Catherine DAUMAS – Danielle COSTA – Eric MARION – Marion DE LA FONTAINE – Dominique BERNIER – Stéphanie RIPPE – Bernadette ALESSANDRONI – Claudine PORTE – Anne BERTHOLON – Olivier BAUD – Nathalie CHEVREY – Lionel JULLIAN – Marie BIOLLET – Patrice BONNIN – Sylviane MARTINEZ – Riccardo RODARI – Marine PLACE – Philippe BORNAND – Camilla MERIDJA – André BOSQUART – Patrick BOURE – Nathalie DAVID – Pierre ARATEME – Gwénaël LATRUITE – Laetitia LEFEBVRE – Laurent PIRES TRIGO – Agnès TRAZIC – Stéphane BORLA – Vincent BORGHESI – Martine HANZ – Patricia GARAU – Françoise SOLLINS – Patrick PETIPREZ – Alixiane MOREL – Katia BARDOUX – Florence PEDELAORE – Céline ZAVANI – Geneviève MASSON – Sophie LUCHIER – Catherine NEGRONI – Stéphane ISARD – Marie-Claude CHAPPUIS – Marie-Pierre COUDERT – Jean-Claude COUFFIGNAL – Marion FIAT – Florence TURBILLON – André CASTEL – Laurence LESAFFRE – Méliane ROCHER – Edith MONTMORENCY – Marie FLANET – François LAFFORT – Claudine GARON – Daniel BRIANC – Nathalie DIONET RENARD – José GARONNE – Christian LOISON – Irène ANDRE – Bertrand MERCIER – Bruno SWIST – Pierre et Martine BOUSQUET- Christine BOUDOT – Sophie FRAISSINE – Angélique HUE – Benjamin ROGER – Véronica IBAÑEZ – Véronique NAIT – Alain TOVAR- Fabienne MENET – Sylvain CONNAC – Agnès MASSONEAU et Jean-Luc COEURDACIER – Sylvain SEGUIN – Virginie PORTELA ROSA – Maya KORTENHOFF – Jamel BANAZZA – Michel MAGUET – Marie-Chantal STRETTA – Eric LAMY – Claire CATHALA – Émilien MASSEAU – Jean-Marc DESCAMPS – Agnès GRAPIN et François LE NIVET – Adrien LHOMMEDIEU – François DERISBOURG – Jean-Louis MARTIN – Stéphane GAZULL – Laurence MILOT – Véronique LENGLET – Carole BRAL – Eric CORTYL – Tiana ANDRIAMANAMPISOA – Brigitte RAMBAL – Jean-Paul REBOUILLAT – Christine PUIG – Olivier DAVID – Bruno TEISSIER – Martien THOMAS – Dominique DUFORET – Élisabeth MAURIS – Gisèle HUBERT – Cécile PERUS – Gaétan GOURGAUD – Fabienne GIEZENDANNER – Catherine GILLERON – Hugues ROUGERIE – Syndicat Sud Gard – Isabelle LEFEBVRE – Anne MOURGUES – Johan HELWIG – Bruno COLOMER – Association Ressources Pézenas – Valério VASSALLO – Nadine MEGGIOLARO – Aurélie ANDRE – Pierre GHIENNE – Roland GUYARD – Bernard MUGNIER – Association « Ca c’est fait » – Maison pour tous de Castelnau-le-Lez – Henriette et Jean-Marc MADJAR – Anne BASAS – Joël BRESSON – Hélène PICAPER et Yvan ARNOLD – Monique SIMIER – Nicole et Michel DUMAS – Annie PIQUEMAL – Bruno MONROZIER – Delizia PARLAGRECO – Nicolas STRASEELE – Ahmed HADDOUCHE – Lotfi HARIBI – Florence VANGHELUWE
